J'ai connu un pays…

Le sage nous a dit "les voyages forment la jeunesse". Il ne nous a pas appris pour autant à vraiment reconnaître quand une contrée nous ravit le cœur… et l'on cherche... de provinces en paysages, de principautés en villes éphémères… à la recherche de prairies plus verdoyantes que les précédentes, plus originales encore comme on en rêve…

On en ressort souvent déçu voire même désabusé… L'herbe n'est bien sûr pas plus verte ni les collines moins rudes à gravir… Et pourtant l'espoir regagne, le cœur vaillant et on franchit encore et encore les frontières les plus proches… 

On traverse ainsi des empires… on visite… on plante sa tente… on va à l'hôtel…

Puis plus tard on revient dans sa calme chaumière, seul, fatigué. Riche cependant d'expériences et de moments dont on se rappellera de temps à autre avec nostalgie ou exaspération.

Le temps passe… et un jour on se surprend à regarder son paysage quotidien…

Et ce jour là on repense à ces contrées lointaines où on ne retournera plus… 

On revit les moments…

J'ai connu personnellement un pays qui m'a enchanté. 
Un pays radieux où j'ai aimé vivre entièrement nu, été… hiver… lascif ou turbulent, sans avoir la crainte ni même la pensée de subir coups de soleil ou de froid… tant sa chaleur était douce et sa froideur ne durait jamais longtemps.

Un endroit magnifique aux reliefs splendides, aux gorges et vallées profondes. Quatre beaux monts opposés, aux formes douces, arrondies mais néanmoins élevées, soulignés de plaines étendues et généreuses. Enrichi d'une forêt dense aux couleurs chatoyantes, suffisamment boisée, naturellement parfumée. Souvent de joyeux ruisseaux y coulaient, délicatement enfouis, fontaines pures où j'adorais tant y porter mes lèvres...

Cette contrée pourtant a souffert tout au long de son existence. Son histoire en a été marquée. Mais dont elle a su y puiser sa force, forger son unité, assurer sa défense, assumer ses désirs d'avenir. 

Chacun de ces drames  a gravé plus ou moins durement son paysage sans pour autant le détruire ni même le dégrader. 
Mieux, elle a su en tirer sa beauté et la rendre plus fascinante encore ! 

Fragile royaume trop souvent dominé par quelques tyrans devenus cruels, despotes ignares et imbéciles ou princes imbus de leurs pouvoirs. J'en ai étudié leurs frasques... 
Chacun d'eux a fini destitué ou renversé et n'a su qu'aviver farouchement la rage toujours plus grande d'indépendance. Sources de conflits inévitables...

La capitale en était Tézieux. Ahhhh rendez-vous incontournable ! Parée de mille artifices dont elle a la culture, arrosée par ce fleuve qui reflettait  la vitalité, resplendissait nuit et jours de tant de feux ! Un ciel éclairé de joies intenses, de spontanéité ou parfois encore assombri de tristesse muette…

Pourtant j'ai voulu quitter cet eden ! Le chant des sirènes alors retentissaient encore à mes oreilles de 30 ans ! Inconsistance de l'éternel voyageur...
Ce pays je regrette cependant souvent de ne pas choisi de m' y être arreté ! 
J'aurais pu être proclamé... roi de Sylvie !